Une classe du collège Octave Gréard (Paris 8e) répartie en deux groupes a participé à des ateliers théâtre. Ces élèves de 3e étaient accompagnés de leurs professeures Hélène Battistella (Lettres Modernes) et Marie-Laurence Aucuy (Histoire/Géographie), et des metteur.es en scène Chantal Pétillot et Julien Gaillard.
Ils ont écrit en classe à partir de la question « Comment sais-tu que je suis pauvre ? », ils ont également découvert et travaillé des textes traitant de l’égalité.
En fin de semaine, chaque groupe a présenté son travail à l’autre groupe, le parcours s’est achevé sur un temps d’échanges.
Retrouvez dans cette page, les textes qu’ils ont traversés et ceux qu’ils ont produits.
Recueil de témoignages Vies Majuscules – Autoportrait de la France des périphéries, projet porté par la Zone d’expression prioritaire (ZEP)
Jonathan Swift, Modeste proposition pour empêcher les enfants pauvres en Irlande d’être à charge à leur parents et à leur pays et pour les rendre utiles au public (1729)
Jean-Jacques Rousseau, Discours sur l’origine et les fondements de l’inégalité parmi les hommes (1755)
Karl Marx et Friedrich Engels, Manifeste du parti communiste (1848)
Charles Baudelaire, Le Spleen de Paris (1869)
Auguste Blanqui, L’Éternité par les astres (1872)
_ Comment sais-tu que je suis pauvre ?
Je sais que tu es pauvre quand je vois tes habits abimés et tes chaussures trouées.
Je sais que tu es pauvre quand je te vois demander de l’argent aux passants.
Je sais que tu es pauvre quand je t’aperçois entrain de voler de la nourriture au marché.
Je sais que tu es pauvre quand je te vois le soir allongé devant mon immeuble.
Je sais que tu es pauvre quand je te vois depuis si longtemps assis à attendre ces longues journées. Je sais que tu es pauvre quand je te vois fatigué, mal rasé, pas lavé et si triste. Mais je sais aussi qu’il ne faut jamais se fier aux apparences. Depuis quelque temps en allant travailler je t’ai beaucoup observé et j’ai pu remarquer que tu restais souvent au même endroit. J’ai aussi pu remarquer que tu portes souvent les mêmes chaussures ou la semelle commence à partir est dont le tissu est déchiré.
Tu as perdu ton appartement, tu dors à côté des poubelles. Tu ne te rases jamais et tu as les yeux rouges car tu dors mal. Tu tousses beaucoup et tu boîtes, mais tu ne peux pas te faire soigner. Tu manges peu, il t’arrive de fouilles dans les ordures. Il T’arrive même de voler dans les épiceries. Mais surtout, tu es seul. Tu n’as pour compagnon que la pluie et le vent… Je t’ai vu il y a un mois, pour la première fois, dans une décharge publique. Tu étais dans un piteux état et tu essayais, je crois, de trouver des objets à revendre ou de la nourriture parmi tous ces déchets. Ton regard est vide de désespoir et ton corps est meurtri par le froid. Tes yeux rouges, causés par la fatigue et le froid montrent une détresse profonde. Ta voix cassée et fatiguée supplie quelques passants de te donner une couverture. Ton matelas est un morceau de carton et tu n’as ni oreiller ni couverture . Les pigeons viennent près de toi pour manger des miettes de pain qui restent. Ta santé est le reflet de ta vie , tu manges ce que tu trouves, tu ne dors pas bien car tu n’es pas en sécurité et tu es mal installé dans cette rue glacée.
Je sais que tu es pauvre car tu as des vêtements sales et que ton T-Shirt est trop long et que ton pantalon est trop court. Tes dents sont abimées, jaunies, ta peau est noirâtre et salie par la poussière et la pollution, Mais là où l’on ressent le plus ta misère, c’est dans ton regard vide. Il montre une profonde tristesse et ne demande que compassion et tendresse avec une folle envie de crier au monde que tu existes ! Tu portais des vêtements en lambeaux, tout décolorés, tandis que la crasse se voyait sur tes habits et tes joues. Je t’ai recroisé quelques jours plus tard, dans la rue, en train de mendier de l’argent auprès des passants , qui te regardaient à peine. Une fois même, je t’ai suivi et j’ai découvert où tu habitais, dans une cabane de fortune, juste à côté du supermarché. Alors je me suis dit que cela devait être dur pour toi de voir passer ces gens nantis sortant du magasin , avec tant de nourriture remplissant leurs caddies. Je t’ai croisé encore une fois et là, c’était le soir, tu essayais de voler de quoi te nourrir dans une épicerie, juste à côté de chez moi ! A présent je te retrouve dans ce parc, en train de quémander quelques pièces à des gens . Bien peu te regardent et plus rares encore sont ceux qui te donnent une pièce, ou un petit sandwich.que tu existes ! Je t’ai déjà observé à plusieurs reprises dans cette rue et ta situation me dérange. J’aimerais pouvoir t’aider, mais je ne sais pas comment. Tu dois te demander pourquoi je veux t’aider ? Je veux t’aider car j’ai bien vu que tu mettais toujours les mêmes habits déchirés car tu n’as pas les moyens d’en acheter d’autres. Je vois des personnes abuser de ta situation.