Retour GalerieQuand Marie-Laurence Aucuy, professeure d’histoire a su que le thème de la Mgi pour cette année 2017-2018 était « Jeunesse », elle a dit : « Alors, mai 68 », puisque chaque année, les créations ont un lien, même distant, avec le programme d’histoire de troisième.
Les Shadoks ont pointé le bout de leur nez dès que j’ai ressorti des bibliothèques familiales et amicales tous les textes d’époque littéralement poussiéreux, et que j’ai renoncé à utiliser. Comme une évidence. Cet ovni, unique en son genre, jamais imité, jamais poursuivi, était le meilleur marqueur de ces années-là.
Le texte « Les Passoires », cours de logique Shadok, véritable succès indépassable sur la toile dans de nombreux blogs ou sites de mathématiciens et de philosophes, a servi de base pour explorer cet univers.
Chaque comédien a cherché en lui-même, avec son corps d’humain, un corps de Shadok, une légère distorsion, une étrangeté, dans la démarche, dans le visage, dans les mains, dans la voix. Faire émerger dans son corps la possibilité Shadok : cela aurait pu être autrement. Nous, humains, nous aurions pu être autres.
D’autre part, Hélène Battistella, professeure de français, a demandé à ses élèves d’écrire ce qui leur paraît important dans la jeunesse. J’ai choisi dans chacun de leurs textes un petit bout, et je lui ai dit que ce serait le matériau de notre création. Tout d’abord, ils ont choisi d’être les comédiens de leur propre texte, ce qui est plutôt rare. Puis avec une évidence assez troublante, ils ont déterminé le lieu où ces paroles devaient être émises : une maison de retraite. Thomas a dit que ce « lieu » pourrait être la mort. Tous ont approuvé. Nous avons gardé ces deux « lieux ».
Dans ces textes sur la jeunesse, un petit chef-d’œuvre Shadok, écrit par Kama sur la valeur de l’irresponsabilité dans la jeunesse, la valeur positive de l’irresponsabilité. Les quatre filles du groupe l’ont enregistré, pied de nez au bien-entendu qui veut que les filles soient plus responsables, plus tranquilles que les garçons. Peut-être le ressentent-elles comme une contrainte, même si c’est toujours dit comme une qualité ?
Les dix garçons ont construit une barricade de tabourets clairs et pris en charge collectivement la lecture du texte de Zola interpellant la jeunesse. Là aussi en contrepoint à ce que l’on pense habituellement des garçons, bagarreurs, brouillons…
Impossible de ne pas parler de Victor. Cette semaine n’aurait pas été la même sans sa présence. Grâce à lui, chaque personne du groupe a pu mettre en œuvre la bonté, la générosité qu’il ne se connaissait peut-être même pas. Sa joie d’être là était communicative. Son engagement, total. Cela s’est particulièrement senti lors de la présentation devant les spectateurs alors que nous avions un peu peur qu’il ne supporte pas la tension. Je sais à quel point on ne parle souvent que des problèmes (et ils sont réels) quand on pense à un adolescent comme Victor et combien on oublie que c’est une chance aussi. La chance que nous avons eue. Parce que la Mgi est le lieu où c’est possible. Le lieu rare où les mots d’accueil, de différence, ont du sens. Et pour toute l’équipe. Je les en remercie infiniment.
Chantal Pétillot – 23 novembre 2017
- TYPE D'ATELIER:
Atelier scolaire - DISCIPLINE :
Théâtre - ÉTABLISSEMENT:
Collège Octave Gréard (Paris 8e) - CLASSE :
3e - PROFESSEURES:
Marie-Laure Aucuy professeure d'histoire géographie et Hélène Battistella professeure de lettres modernes - INTERVENANTE :
Chantal Pétillot metteure en scène - NOMBRES D'HEURES :
25h - ANNÉE SCOLAIRE :
2017-2018