La question du pouvoir, question philosophique autant que politique, traverse les champs disciplinaires des science sociales donnant lieu à de nombreuses théories notamment autour du concept très à la mode « d’empowerment » que l’on traduit parfois par « le pouvoir d’agir ».
On ne peut ignorer cependant, les multiples dimensions que l’on donne à ce terme selon les contextes sociaux et politiques, aussi, me semble-t-il, l’on pourrait privilégier l’un des aspects de la question : le processus qui permet de passer d’une conscience critique des pouvoirs qui oppriment à l’acquisition des capacités d’action personnelle et collective permettant l’émancipation et le changement.
On pourrait lire les parcours de vie à travers la relation de chacun au pouvoir.s qui modèle les subjectivités, détermine les positionnements
Interrogations de la petite fille qui discute avec sa copine pour savoir qui est le plus fort : Papa ? Maman, Le grand frère ? La maîtresse ? Non le maître plutôt…Même s’il est très jeune ? Pour être le plus fort, le plus puissant il faut être un homme, et un peu vieux disent les petites filles.
Interrogations de l’adolescent.e sur la déconstruction possible des pouvoirs qui étranglent, des racines qui immobilisent, la famille ( le père?) les valeurs transmises ? l’institution? A coups de rebellions, de résistances, de trahisons mettre à mal les carcans. Interrogations de l’adulte sur les déterminismes biologiques, géographiques, sociaux culturels qui déclenchent des engagements, des mobilisations .
Une longue lutte jamais finie dans cette marche qui va de la prise de conscience du pouvoir / oppression au pouvoir qui libère.
Mais qui libère comment? Faut-il prendre la place du plus fort ? Etre le cow boy et pas l’indien, le calife à la place du calife? Le milliardaire et pas le Sdf ? Et si cette quête était vaine, si la prise de pouvoir était d’une autre nature? Dans une démarche émancipatrice qui articule l’individuel, le collectif, le social?
Anita Weber
Présidente de la Maison du geste et de l’image