Un territoire n’existe que par ceux qui y vivent.
Des corps y évoluent.
Des actions s’y déroulent et sont le quotidien de chacun des élèves.
Commun à tous les adolescents, il n’en est pas moins intime pour chacun d’eux.
Les lieux deviennent des repères et se chargent peu à peu de souvenirs.Le projet proposait aux collégiens de porter un regard sur leur environnement proche (collège, quartier), de l’usage qu’ils en font, puis de le détourner du sens qu’il a pour eux au quotidien.
Qu’est-ce qu’en racontent les adolescents ? Que s’y passe-t-il ?
Comment leurs corps s’y inscrivent-ils ?
Qu’est-ce qu’un espace public peut révéler de leur intimité ?
Comment pourraient-ils percevoir ce territoire autrement ?Zabou Carrière
Photographe
Enjeux.
Les adolescents ont scruté « leur » espace public, où se jouent des histoires intimes, oscillant entre la représentation tantôt du vrai, tantôt du faux ou de l’imaginaire, allant du stéréotype à l’énigmatique, de l’émouvant au drôle, flirtant avec la notion de fake.
L’utilisation de différents médias – photographie, son, écriture – a permis à chacun de s’emparer du projet, d’appréhender différentes techniques, de faire émerger de nouvelles compétences pour développer artistiquement une idée.
Partant de l’ensemble pour aller vers le particulier, le projet entendait à la fois rendre visible le quotidien des adolescents-collégiens et leur offrir un cadre du « tout possible ».
Ce projet artistique était une manière de dépasser les limites souvent imposées et les façons de penser qui nous conditionnent.
Observer.
Comment se pose notre regard sur le territoire qui nous entoure ? Comment le lire et le décrire de façon neutre et factuelle ?
Il s’agit tout d’abord d’observer, de rendre compte objectivement s’inscrivant, pour cette première phase du projet, dans un travail documentaire.
Nous avons mis en place différents moyens allant de prise de mesures et de relevés du territoire pour concevoir et dessiner un réseau de plans, de réaliser des inventaires de couleurs, de matériaux et de mobilier, de faire des prises de vues « constats », d’effectuer des enregistrements sonores d’ambiances, de raconter en mots les actions qui s’y déroulent…
Cette première approche a permis d’aiguiser le sens de l’observation de chaque élève en l’incitant à regarder et non voir, à rapporter la réalité et ne pas l’interpréter ou porter de jugements.
Elle a également permis de plonger dans un processus de création qui sous-entend un travail de recherches en amont, de questionnements, de doutes, de choix… un processus qui a nourri le projet tout au long de sa réalisation.
Différents groupes d’élèves se sont attelés à ces tâches et ont mis en commun les fruits de leurs observations, constituant ainsi un corpus de données les plus objectives possibles.
Se dire.
Nous avons introduit ensuite la subjectivité de chacun.
Les élèves ont raconté un souvenir, un événement qui les ont marqués au sein du collège ou du quartier.
Au moyen de la mise en scène photographique, les élèves ont fait revivre ces saynètes racontant un bout de leur vie locale. Ils se sont focalisés sur la construction d’images a montrer au spectateur, travaillé le cadrage, le point de vue et la mise en place des corps dans le décor adéquate.
De courts textes accompagnent ces images photographiques : légendes, slogans, interrogations… C’est l’observation « froide » de la première partie du projet qui s’incarne par les protagonistes dans une retranscription plus libre et a posteriori du réel.
Détourner.
Troisième et dernière phase du projet : déplacer la vision de ce territoire, à l’inventer autrement.
Il sera transformé, recréé pour laisser place à l’imaginaire, au rêve.
Que pourrait être ce lieu s’il sortait du cadre habituel quotidien ? Que pourrait-il s’y dérouler ?
Le travail de fictionnalisation amorcé en milieu de projet est poussé à l’extrême.
Le travail plastique de collages, de suppression de bouts d’images, de montages visuels transforment l’environnement des collégiens en d’autres décors. Chacun a apporté sa créativité, son esthétique pour recréer de nouveaux univers tantôt reconnaissables ou insolites.
Les sons enregistrés lors de la première phase sont utilisés complètent les voix des collégiens.
- ÉTABLISSEMENT:
Collège Lucie Faure (Paris 20e) - CLASSE:
4e - DISCIPLINE : Photo
- ÉQUIPE PÉDAGOGIQUE: Mme Romuald Oumamar professeure d’arts plastiques M. Samuel Darnal professeur d’éducation musicale M. Sébastien Raffin professeur de mathématiques Mme Juliette Bayet professeure de français
- INTERVENANTE: Zabou Carrière photographe
- NOMBRE D'HEURE: 60 heures
- ANNÉE SCOLAIRE: 2020-2021
- DISPOSITIF: Résidence artistique DAC/DASCO l'Art pour grandir
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