Projet «Fables, légendes et mythes contemporains»
Il y avait deux moyens de s’approprier la proposition de travailler sur le sujet. On pouvait prendre son élan sur le contemporain pour nouer le dialogue avec le temps sans temps de la fable (qui sont les Robin des Bois d’aujourd’hui ? Quels mythes pérennes ou fugaces charrie notre médiatique actualité ? Quelle sorte d’histoire, singulière ou collective, peut de nos jours prétendre au légendaire ?)
On pouvait aussi partir des fables, des légendes ou des mythes eux-mêmes pour éprouver de quelle manière ils résonnent dans notre présent et notre sensibilité (en quoi les sorcières, les princes, les sœurs méchantes, les confidentes nous parlent-ils de nous ? Qui sont du reste les sorcières, les princes, les sœurs maléfiques et les entités bénéfiques d’aujourd’hui ? À quelle quenouille les jeunes filles de 2014 se piquent-elles ? Sur quel cheval blanc arrive l’aimÉ du XXIe siècle ?)
Partir de l’histoire, des histoires, était l’option qui me paraiisait ici la plus désirable.
Les mots que je voulait nous donner étaient ceux de Grimm, dans la très belle traduction qu’en a faite Marthe Robert (qui fut la traductrice de Kafka, auteur qui lui aussi s’y connaissait en mythes et légendes).
Car les contes de Grimm nous sont parvenus par le canal de l’oralité, et ont donc partie liée avec le théâtre.
Car les contes de Grimm explorent la lisière entre enfance et adolescence.
Car les contes de Grimm traitent de façon détournée, poétique, mais aussi frontale et triviale, toutes les questions actives en chacun de nous : la famille, l’abandon, la jeunesse, son contraire, la beauté, l’altérité, l’indépendance, la misère, la richesse…
Je voulu proposer aux élèves de réentendre ces histoires nées au Moyen Âge, et de laisser advenir les rêveries, les images, les figures actuelles qu’elles évoquent pour eux, enfants du 2e millénaire.
Dans une telle approche, je cru juste de ne pas imposer d’absolu culturel en matière de héros ou de chimères. Sur le terrain de leur(s) mythologie(s), ils disposaient d’un vaste coffre à merveilles et malices.
L’envie était vaste pour ce stage, et il y a eu de la lecture et de l’écoute, puis de l’improvisation et des réécritures, de l’apprentissage des mots et de profération, de chœur et de polyphonie.
Aux tentatives des élèves j’ai proposé de marier des bribes d’auteurs anciens et modernes, Grimm lui-même, bien sûr, mais aussi Sophocle, Dario Fo et Joël Pommerat.
Les contes choisis pour l’heure étaient : Blanche-Neige, Cendrillon, La Belle au Bois Dormant.
Les plus connus, en somme, pour sauter de plain-pied dans la légende et le fabuleux ce qui nus permis de leur tendre le micro pour savoir ce qu’ils avaient à nous raconter pour aujourd’hui.
Quelles différences entre fables, légendes, mythes, et contes ? D’autres questions que nous nous sommes posées…
Déroulement des séances
Chaque séance s’est ouverte par une mise en condition physique.
À l’issue du stage les élèves pouvaient reconnaître les fondamentaux sur lesquels se fonde le jeu d’acteur : regard, respiration, voix, corps, espace, parole, silence…
Des exercices, des improvisations, des jeux ont alimenté la recherche.
Après une première lecture des contes choisis, les participants ont été invité à laisser libre cours à l’imagination, aux associations.
Ils ont pu alors, pour cette séance, constituer deux groupes – qui alternaient : atelier de mise en mots / atelier de mise en corps.
Dans les deux cas, il s’agissait d’aborder le conte comme une caisse de résonances – non comme prétexte à parodie : de lui trouver voix et présence ici et maintenant.
À partir de là « il sera une fois »… Il ne restait plus qu’à inventer…
- STAGE VACANCES :
Toussaint 2014 - DISCIPLINE:
Théâtre - ÂGE :
12-16 ans - INTERVENANT:
Fanny Laudicina metteure en scène