“Il faudrait inventer un temps particulier pour l’apprentissage. Le présent d’incarnation par exemple. Je suis ici, dans cette classe, et je comprends, enfin ! Ça y est ! Mon cerveau diffuse dans mon corps, ça s’incarne.”
Daniel Pennac, Chagrin d’école
Incarner ? Courir, bouger, se mouvoir autant que s’émouvoir ? On sait depuis longtemps que les enfants apprennent mieux debout (« assises mes pensées s’endorment » disait Montaigne). Fini, les enfants troncs ! Vive la pédagogie pragmatique de John Dewey qui intègre l’expérience de vie aux temps d’apprentissage. Vive l’école qui se délocalise ! C’est précisément pour cela que la Mgi existe : elle est entièrement dédiée à l’expérimentation d’une pédagogie active. On y réfléchit en faisant, pourquoi pas en marchant, pour rendre les connaissances et les compétences concrètes et visibles, pour jouer avec les mots, pour inventer la vie, pour laisser s’envoler l’imagination des enfants et des jeunes, pour déconstruire les stéréotypes et les fakes, sortir des likes et des cœurs, retrouver la nuance pour se décrire, décrire l’autre et le monde.
Cette année, plus encore que d’habitude, la Maison engagera les enseignant·es à apprendre par corps, à donner de la voix, de l’oreille, à sentir les arbres et le vivant, en dansant, en disant, en lisant, en écrivant, singulièrement et en chœur, à écouter en bonne intelligence, à regarder les yeux écarquillés, en partageant son attention aux autres, en présence, ici et maintenant. Cette année, nous redécouvrirons que nos mains sont habiles à manipuler, à fabriquer la belle et grande ouvrage, et que le corps et l’esprit ne sont pas sans communiquer de façon permanente.
Autant d’invitations à incarner le bouillonnement des idées, la confusion des sentiments, et à partager le sensible, dans des ateliers collectifs…
Cette année POUVOIR·S EN CORPS, parce que les Jeux Olympiques seront dans notre ville et que chacun·e est invité·e à prendre sa part de la fête, mais surtout pour augmenter notre pouvoir d’exprimer et d’agir, par l’art : les arts visuels, le théâtre et la danse, avec les artistes et les enseignant·es qui accompagnent les enfants et les adolescent·es à se situer dans l’espace, dans le monde, à prendre PLACE.
Parce que les corps empêchés, empêtrés, engoncés, d’où pousseront les ailes, les voiles, les voix, peuvent trouver leur base, leur rage, prendre le large, se désamarrer et se marrer, essayer EN CORPS et encore. Sortir de sa timidité, calmer son agitation, se concentrer
pour créer.
La Mgi aspirera à ouvrir de nouveaux espaces pour la jeunesse avec d’anciens et de nouveaux partenaires, avec et pour des enfants et des jeunes toujours différent·es, toujours riches de nouvelles propositions.
Et finir l’année comme nous l’avons commencée, dans la joie de se retrouver, avec les auteur·rices contemporain·es qui écrivent pour la jeunesse, avec leurs mots, leurs maux, et résister avec eux, à la tristesse qui pourrait nous gagner pour faire EN CORPS et rester ENVIE.
Marie Stutz
Directrice
Témoignages
Nos chargées d’accueil Fanta Cissé, Mina Miedema, Aurélia Roméo nous parlent de la Mgi.
« Ils [les jeunes] ont le droit de se tromper ici, de créer de tester et c’est ce qui fait aussi l’unicité de la Maison. Tout y est possible. On leur laisse l’espace, le droit et l’autonomie aussi. […] »
Le duo artiste-enseignant·e est le cœur de l’activité de la Mgi. Cécile Rapin professeure des écoles et Karin Palmieri comédienne, metteure en scène et pédagogue racontent leur longue collaboration.
Güldem Durmaz et Simon Backès réalisateur·rice, accompagnent les jeunes dans la production de films à la Mgi depuis plus de vingt ans. Elle et il donnent leur vision de la transmission.
Pourquoi la pratique artistique est si importante ? En quoi consiste le partenariat enseignant-artiste ? Quelle source d’inspiration représente les ateliers ?
Marie-Catherine Stoffel professeure de lettres modernes en collège et Mélody Da Fonseca réalisatrice collaborent depuis sept ans à la production de films avec les élèves avec la Mgi. Elle racontent leur partenariat.